Un jeune moine, désespéré par sa propre agitation intérieure, entreprît l'ascension d'une montagne reculée pour y consulter un ermite dont on lui avait dit beaucoup de bien.
«
Maître » lui dit-il : «
certains jours, méditer me paraît impossible tant je suis agité »
«
Regarde ce qui n'est pas stable » répondit aussitôt l'ermite.
Le jeune moine, impressionné par cette réponse, se retira plusieurs semaines en essayant de regarder ce qui n'est pas stable. N'y tenant plus, il retourna voir l'ermite :
«
Maître, c'est encore pire qu'avant, je m'aperçois que le peu que je pensais stable ne l'est pas vraiment, tout fuit entre mes doigts, et mon agitation va croissant encore davantage ! »
«
Regarde encore » lui dit l'ermite avec une telle assurance que le jeune moine réessaya de plus belle, durant plusieurs mois, de suivre cette consigne mystérieuse.
Un jour lui vint à l'esprit que s’il avait en lui l'idée de la stabilité, c'est que cette stabilité devait être présente quelque part dans sa propre expérience de vie. Cette révélation lui parût très importante
«
Bravo » lui dit l'ermite, puis il ajouta en souriant : «
Regarde de plus près encore ce qui n'est pas stable »
Nul ne peut dire au bout de combien de temps le moine connut l'illumination. Ce jour-là, il vit soudainement que ce qui fait son regard intérieur, ce qui perçoit en lui, ce qu’il désigna comme la « lumière de son regard intérieur », est stable, stable depuis toujours. Enfin il avait trouvé une chose stable, chose qu'il savait retrouver à tout moment, lui permettant de regarder tout à la fois l'agitation et la non-agitation.
Regardez ce qui n'est pas stable.